Baba – Choisir d’être libre

Collection Des mots pour écrire la vie.

Un témoignage fort et sensible sur le handicap, l'homoparentalité, le bonheur d'être soi.

Pour plus d'informations sur cet ouvrage, consulter notre page Réalisations.

[Extrait]

Postface : « Des mots pour écrire la vie »

J’ai cheminé avec Cécile le temps de ma formation de biographe à Aleph Écriture Paris, du mois d’octobre 2016 au mois de juin 2017. Avec elle, je me suis plongée dans une vie qui n’était pas la mienne. Pendant huit mois, je me suis immergée dans une écriture au « je » qui ne m’était pas familière, s’agissant du « je » d’un autre, vivant et bien réel comme moi, un « je » qui ne soit ni une fiction, ni une réinvention. Il m’a fallu apprendre à m’approprier ce « je ». À le faire mien, tout en le gardant sien. Cet apprentissage m’a confortée dans mon envie d’écrire la vie des autres. De parler avec eux de leur vie, de ce qu’ils sont, de ce qu’ils pensent du monde, d’eux dans le monde. De retranscrire par des mots ce qui fait sens pour eux, à un instant « t » de leur vie.

J’ai aimé la générosité de nos échanges. Celle des mots que Cécile m’a confiés, parfois très intimes, et celle de notre engagement commun de parvenir à bon port. La générosité du temps que nous nous sommes donné l’une et l’autre, malgré nos vies déjà très chargées. Celle de l’écriture enfin, tout à la fois transparente et forte. Une écriture faite de choix, au service de l’autre bien sûr, mais également « pour soi ».

J’ai aimé assumer la part de subjectivité de toute rencontre, de toute écriture. Il y a toujours un peu de l’auteur dans un récit de vie ou dans un portrait !

Le souvenir de mes rendez-vous mensuels avec Cécile, le vendredi 17h15/19h à la bibliothèque Mériadeck de Bordeaux, m’est infiniment précieux.

Quelle qu’ait pu être sa journée, sous la pluie parfois et dans le froid ou le vent, Cécile arrivait à l’heure, invariablement « fraiche et dispo ». Son sourire était à lui seul une victoire et mes propres soucis me semblaient soudain bien vains !

La bibliothèque Mériadeck est située juste en face des locaux du Département de la Gironde où travaille Cécile. Parfaitement accessible en fauteuil, ce grand bâtiment de verre et d’acier dont les façades sont ornées des mots des plus grands auteurs du siècle des Lumières, si présents à Bordeaux, fut pour nous comme un cocon. Je garderai longtemps cette image de Cécile descendant à vive allure la rampe d’accès de l’immeuble Gironde, ses écouteurs aux oreilles. Passante anonyme et silencieuse, croisant sur son fauteuil la course des autres et se dirigeant vers moi sans m’avoir encore vue, un sourire sur les lèvres.

Roule, roule : Cécile ! Roule.

J’avais en tête la musique de Soprano et je me disais, voilà encore une foule de mots en devenir ! Une foule qui s’avance, une foule qui s’élance, là : juste en face, à vive allure le long de la rampe d’accès de l’immeuble Gironde. Un sourire sur les lèvres moi aussi. Notre rituel pouvait commencer.

Traverser le hall et sourire à la personne chargée de fouiller nos affaires, ultime rappel d’une actualité souvent peu amène ; entrer dans l’ascenseur, nous serrer fauteuil contre sac : espace confiné, nous tenant lieu de sas de décompression ; saluer la bibliothécaire de l’espace Diderot du 3ème étage, dédié pour partie aux personnes en situation de handicap ; ouvrir la porte de l’un des petits bureaux, pousser sur un coin de table les matériels servant à la retranscription en braille des livres de la bibliothèque ; sortir mon ordinateur, le caresser furtivement de la main : complice rassurant de chacun de mes écrits ; vérifier le micro de mon téléphone et plaisanter sur mon inaptitude à maîtriser « la technique ».

Une fois bien installées, nous jeter un dernier regard et vérifier que nous sommes fin prêtes. Libres l’une et l’autre d’accéder à nos rêves. D’en parler, de les écrire. Jamais, je n’ai vu le temps passer.

Ce fut une belle rencontre, de celles qui contribuent à faire de nous ce que nous sommes. Ce récit en est le témoin. Je le vois comme une page ouverte en grand sur l’avenir. Une page, ouverte sur nos rêves.

L’une et l’autre : « telles que ».

 

Pour Cécile,

Myriam Cavanié - le 28/06/2017

 

contact@pourecrirelavie.fr

 

Merci à Irène Darnau et Nicole Ouvrard de l’Association À portée de mots, Laurence Jauze-Baloy et Anne-Marie Fournier pour leur regard toujours précieux, et le temps consacré à la relecture de cet ouvrage ; à Marie-Antoinette de Sèze pour le soin porté à la mise en page.

Merci à Michèle Cléach et Delphine Tranier-Brard, mes formatrices d’Aleph Écriture Paris, et à chacune de mes collègues en formation, qui furent les premières à m’encourager dans l’apprentissage du métier de biographe : Dominique M., Isabelle, Sylviane, Joëlle, Dominique L.B, Gratienne, Catherine et Corinne.

 

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