Et après ?

Confinement, J 47. Cela bruisse de partout ! Sur toutes les lèvres la même question...  que ferez-vous, le jour J de votre déconfinement ? Et après ? Vous le voyez comment, vous : votre après ?

1 / Le jour J du début de l’après, je me vois bien filer plein Est pour faire la bise à mon père. Un A/R express avec masques, gants, périmètre de sécurité XXL et gestes barrière +++. 716 km en rase campagne dont 32,6 km hors Nouvelle Aquitaine… autant dire la grande aventure !! Ceci fait…

2 / Le jour d’après : je fais le tour des popotes chez moi ! De bons petits plats à droite et à gauche, de bons vins, de longues balades à l'océan, beaucoup de blablabla… un jour d’après 100% Sud-Ouest… qui durera plusieurs jours !!

3** / Et ensuite… je file au DK. Comment, je ne sais pas. Mais je me débrouille.

Je vide mon Compte Épargne Temps et je le prends enfin ! ce temps tant attendu. Seule ou avec qui veut : je mets le cap plein Nord. En avion… mais voleront-ils ? Sans trop de paperasse… mais les frontières seront-elles vraiment réouvertes ? Les danois auront-ils envie de nous voir arriver ? Nous, les français, avec tous nos morts et nos millions de porteurs sains ou pas sains et sans tests ? ... Ce qui fait beaucoup de « si » de « mais » de points de suspension et de « sans » pour un après… Si cela se trouve, d’ailleurs, je n’aurai pas d’autre solution que d’y aller à pied, au DK, en évitant les grand-routes et les ronds-points… C’est possible ça ?

 

 

YES !! En 15 jours et 24’ tout rond ma p’tite dame. Merci, merci, merci. Un GRAND merci les algorithmes de Mappy !! Merci d’avoir pensé qu’un quidam lambda partant à pied de Bordeaux puisse absorber en ligne quasi droite et en marchant sur l’eau les 1 693 km qui le séparent de Copenhague en 15 jours et 24’ chrono (120 km par jour en moyenne !). Tout est dans la minute, la virgule, le petit détail qui tue. Comment douter des 15 jours quand ils sont précis à la minute près ?

Avion, voiture, moto, piéton… quel que soit le temps qu’il me faudra, je le prendrai.

Le réel est toujours là bien sûr. Il est différent du réel d’avant… et cela tombe bien : moi aussi !

Je fixe mon cap, je serre à pleines mains ma barre, je fais confiance en ma boussole et je renoue avec mes intuitions. Dans l'après, je respecte ce qui me tient à cœur. Je résiste aux injonctions contradictoires qui pleuvent d’un peu partout et au moment du départ je me dis : on verra bien.  

 

Une fois à Copenhague, je loue un vélo et je pédale jusqu’à Louisiana.

35,4 km par un sentier côtier. 7h32 à pied dixit Mappy. Je sais qu’il y a une piste cyclable, je sais qu’il peut y avoir du vent, je sais qu’il peut être contraire… Je l’ai déjà fait. C’était avant l’avant d’avant, j’étais beaucoup plus jeune, je ne me posais pas de questions, je fonçais. Top là : je le re-ferai !

 

 

Bien sûr, à l’heure H du jour J de maintenant : the museum is temporarily closed.

 

 

But, after… et vu le temps que je vais mettre à rejoindre 1/ le temps de l’après… qui va se faire attendre… c’est sûr ; 2/ Copenhague, je ne sais trop comment ; 3/ Louisiana, qui entre temps aura organisé l’après avec l’efficacité danoise habituelle…

The museum will oportunatly be open

 

Une fois rendue dans cet après…

Je m’offre une longue sieste face à l’eau bleu argent du fjord. Je profite de l’herbe verte. Je profite du paysage. Je profite des œuvres d’art. Je profite du mobile, je profite du stabile.

Nous prenons le temps de dialoguer Calder et moi.

J’échange quelques mots avec les autres visiteurs présents, nous partageons la beauté de l'instant.

Je me nourris de ce lien mystérieux entre la nature, l’art, les humains. Je relis le discours de François Cheng sur la beauté.

Je me sens pleinement dans le présent de l’après…

(Le présent, tout à la fois main-tenant et cadeau offert… tenir en mains le temps offert de l’instant t, tel qu’il se présente à soi ? c’est ça ? je convoque le peu qu’il me reste de latin… praesens, participe présent de praesum : praeesse… « être devant, à la tête de » … avec son prae « devant » et son sum, « esse », être… étonnant, non ? être à la tête de son être, dans une idée de mouvement… Calder…)

 

 

Je me laisse envahir par le présent… QUE C’EST BEAU.

Ensuite seulement, j’entre à l’intérieur et je navigue de pièce en pièce.

 

Giacometti, L’homme qui marche.

 

Dans mon après, il y aura beaucoup de beau et je prendrai du temps pour ça. Au présent.

 

 4 **/ Voyage retour. Un arrêt à Copenhague, un autre à Paris, un autre ensuite à Niort… Je fais un petit crochet par Avignon tant que j’y suis, je remonte par Buis les Baronnies, un petit saut par Decazeville… Le festin continue !!

Je vais à la rencontre de mes amis, de ma famille, de tous ceux qui ont pensé à moi dans l’avant, le pendant, la préparation de l’après. Je vais à la rencontre de tous ceux à qui j’ai pensé et qui comptent pour moi. Je signale ma présence, je laisse venir les autres à ma rencontre. Un grand et beau festin.

 5/ De retour à Bordeaux : RE-FESTIN, de blablabla, d'océan, de sorties, de spectacles, de ciné, de boulot, de balades en ville et au grand air…  Ensemble, à plus de 10 ou pas ; ensemble, à plus ou moins de X km ; ensemble, avec et sans barrière et tous les gestes qui vont avec : il reste des possibles.

6/ Et après ? Bien installée à la tête de mon présent, j’irai résolument vers l’après. Et on verra bien

 

(**) NDLR au 27/04/2020 : étapes susceptibles de modifications et/ou de report dans un « et après ? » plus lointain ; le cas échéant, garder le moral, aller directement au point suivant… en avant, toute ! Continuer à en rêver… reprogrammer en 6.

1 Comment

  1. AUDRAIN sur juillet 5, 2023 à 8:51

    Chère Myriam
    J’aime beaucoup ce que tu écris ici.
    Bisous
    Jean Philippe

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